dimanche 18 avril 2010

Les Israéliens partagent la douleur des Polonais

Photos prises devant l'ambassade de Pologne à Tel Aviv. (Source: Polish-Jewish Relations post-'89 blog: Israelis share Poland's grief)

Président Lech Kaczynski

3 commentaires :

joel a dit…

La réciproque est moins flagrante .
A quel moment de l'Histoire , les polonais ont-ils partagé les souffrances des juifs ??

Benjamin Haymann a dit…

En permanence Joel : les polonais la causait et les Juifs la subissait.
Le partage est très équitable !

Gilles-Michel DEHARBE a dit…

Dès la naissance de l'État polonais en novembre 1918, la violence antisémite se déchaîne avec 110 pogroms. Toute la panoplie classique de l'antisémitisme se retrouve dans la presse de droite, où les Juifs sont accusés de meurtres rituels, de trahison envers l'armée, de collaboration avec l'occupant allemand, de bolchevisme. Par exemple, le yizker buh (Livre du souvenir) de Zelechow porte témoignage des exactions antisémites dans les années 1918-1920, menées d'abord par des soldats allemands, puis par des soldats polonais de retour du front, à Zelechow et à Sobolew.

Pendant la guerre russo-polonaise, les Juifs sont accusés de connivence avec l'ennemi. Après quelques mois d'apaisement dus au débat de la conférence de Paris qui élabore les traités sur les minorités nationales devant être annexés au traité de Versailles, la situation se dégrade à nouveau. La retraite de l'armée polonaise et l'avancée de l'Armée rouge provoque une véritable psychose d'un complot judéo-bolchevique. En 1920-1921, environ 1000 pogroms éclatent.

Dès les années vingt, le traité de Versailles n'est guère respecté. Le gouvernement de Pilsudski accumule les discriminations, en particulier sur le plan économique. Le gouvernement des colonels considère que la population juive est "de passage" en Pologne, qu'elle doit émigrer et, qu'en attendant, les droits civiques doivent lui être refusés. Cette idée d'expulsion des Juifs conduit le gouvernement à demander à la SdN des territoires dans les colonies, et aux banques internationales des financements ...

Les discriminations économiques s'accumulent. Les Juifs sont exclus des emplois publics en 1930. Lorsque l'État nationalise des secteurs, il en exclut les Juifs. La distribution du crédit bancaire défavorise les commerçants juifs (37 % de la population juive) ; la Communauté met alors en place ses propres circuits de crédit. Dans l'artisanat, un examen est instauré en 1927 pour l'obtention d'un certificat d'aptitude à l'exercice des métiers. Les conditions d'accès à l'examen excluent de fait les Juifs (droits d'inscription élevés, formation longue, langue polonaise). Ceux qui exerçaient déjà, dont la plupart ne possédaient pas de diplôme, se retrouvent dans l'illégalité. Or 35 % de la population juive, en moyenne, travaille dans l'artisanat. Cette mesure va avoir un effet catastrophique : travail clandestin, fermetures d'ateliers.

En 1929, le dimanche est déclaré jour de fermeture obligatoire, obligeant ainsi les commerçants juifs à fermer deux jours, le samedi et le dimanche.

En 1936, le premier ministre présente à la Diète le boycott des boutiques juives par la phrase célèbre : « Boycott économique soit, mais sans préjudice aucun ». En 1936 encore, l'abattage rituel est contingenté pour « des raisons humanitaires ». Les professions libérales prennent successivement des mesures d'exclusion des Juifs en 1937. Un numerus clausus est imposé à l'Université et les agressions qui s'y déroulent font chuter le nombre d'étudiants juifs de 24,6 % en 1921 à 8,2 % en 1938.

De 1935 à 1937, les pogroms se multiplient de nouveau.
De nombreux Juifs cherchent à émigrer. Mais alors qu'au début du siècle l'émigration dépasse largement la croissance naturelle de la population, à partir de 1920 c'est l'inverse. Les pays d'accueil ferment leurs frontières ou, au mieux, limitent les entrées : l'émigration chute même de 1930 à 1932, à cause de la dépression économique. Elle remonte de 1933 à 1935, mais représente moins de 1 % de la population2. À partir de 1930, l'essentiel des émigrants polonais sont des Juifs.

Sources :

Le Shtetl. La bourgade juive de Pologne, Rachel Ertel, Payot, Paris, 1986.

Jewish Roots in Poland, pages from the past and archival inventories, Weiner Miriam, en coopération avec les Archives d'État polonaises, YIVO, New York, 1997.

Atlas of Modern Jewish History, Evyatar Friesel, Jerusalem, 1990.