vendredi 7 janvier 2011

Nous avons besoin de tout, sauf d'indignation !, Luc Ferry

Source: Le Figaro (Nous avons besoin de tout, sauf d'indignation !, Luc Ferry). Luc Ferry tient une excellente chronique dans Le Figaro qui paraît les jeudis. Extraits:

"Cher Stéphane Hessel, dans un libelle qui rencontre un succès colossal, vous nous invitez à l'indignation. Êtes-vous bien certain de ne pas vous tromper d'adresse ? La vraie morale, disait Pascal, se moque de la morale. S'il est une passion à laquelle l'adage s'applique plus et mieux qu'à aucune autre, c'est bien l'indignation.  Aussi loin que je remonte dans mes souvenirs, je me suis toujours méfié comme de la peste des gens indignés.  Le révolte, peut-être, l'indignation drapée, non merci ! Pourquoi ? Tout simplement parce que ce sentiment est de ceux qui ne s'appliquent qu'aux autres, jamais à soi, et que la morale authentique suppose d'abord des exigences qu'on formule pour son propre compte. [...]

Son objet, c'est toujours autrui - en quoi, plutôt qu'un sentiment moral, elle me semble un effet de ce ressentiment dont on se sert toujours pour, abaissant les autres, se rehausser soi-même et s'offrir sans effort des poses de moraliste.  Comme la peur, dont Hobbes disait qu'elle est la passion la plus commune, l'indignation est une facilité, pas une vertu. [...]

En encourageant ce que le monde aujourd'hui compte de plus irresponsable et de moins intelligent, vous ne faites pas avancer votre propre cause. En appelant à l'indignation, vous n'allez pas dans le sens de la résistance, mais, je le crains, dans le sens du vent et de la plus grande pente."

Voir également :
- A-t-on le droit de ne pas s’indigner avec Stéphane Hessel ?, Pierre Assouline
- Lectorat électorat, Paul Quinio
- Stéphane Hessel, vieil homme indigne, Luc Rosenzweig

5 commentaires :

lechevallier a dit…

il est en effet plus facile de gérer un peuple qui dort.
L'indignation c'est aussi une dynamique, une tension nécessaire à l'action. Hessel s'est indigné, est devenu un résistant actif entre autres. Nous avons besoin de l'indigntion, de la reflexion et in fine de l'action, et non pas de cette somnolence actuelle. bien à vous

Anonyme a dit…

Chez Stephane Aisselle, y'a comme une odeur que j'aime pas.

Gilles-Michel DEHARBE a dit…

Si on pouvait recouvrer l'intransigeance de la jeunesse, ce dont on s'indignerait le plus c'est de ce qu'on est devenu.

Anonyme a dit…

Cher Monsieur LeChevallier,

L'indignation de Hessel est tres selective. Il n'est pas indigne des actions des puissants (la Chine, la Turquie etc). Rappelez qu'a vaincre (ou a s'indigner) sans risque, on triomphe sans gloire. Pour ce qui est du passe de resistant, Petain etait bien un grand marechal avant de devenir un collaborateur des allemands. Quand a l'"ouvrage" de Hessel, chef oeuvre de gatisme bien pensant, il vaut mieux en rire.
Georges B.

... a dit…

Le message d'Hessel était pourtant simple : ne plus fermer les yeux sur les innombrables injustices qui servent les puissants au détriment de tous et de tout (social, planète et générations futures)... l'indignation précède la révolte, l'indignation fédère pour rejetter avec le coeur un système honteux... bien entendu, à l'instar des mouvements populaires arabes, le plus difficle reste de proposer une aternative viable. Certains en profiteront. Mais comment croire que l'on peut encore changer quelque chose (je pourrais arréter ma question ici) sans se révolter ??? Nous avons plus que besoin d'indignation, ce n'est pas de la philosophie, c'est un message des plus concréts, lorsque la morale dont parle Mr Ferry n'est plus, depuis longtemps, dans les places de marché et dans les chambres des puissants et de leurs partisants. Eux se trouvent bien enlaidis face au miroir démocratique de l'indignation...