dimanche 29 juillet 2012

François Zimeray n'est pas nommé représentant pour les droits de l'homme de l'UE

Catherine Ashton, haute représentante pour la diplomatie européenne, a désigné Stavros Lambrinidis, ex-ministre des affaires étrangères grec et ancien vice-président socialiste du Parlement européen,  comme représentant spécial pour les droits de l'homme.

Le Monde: M. Lambrinidis était notamment soutenu par Martin Schulz, le président du Parlement européen.  [...]  "Le choix de Mme Ashton est d'abord celui de la peur du Parlement", commentait mardi une source proche du dossier. D'autres experts soulignent déjà la difficulté d'une véritable action de ce représentant spécial s'il entend ne pas se limiter à des déclarations de principe ou l'affirmation de bonnes intentions. 

M. Lambrinidis figurait dans le dernier trio des favoris avec Astrid Thors, une libérale finlandaise, ex-ministre des affaires européennes, et François Zimeray, avocat et ancien eurodéputé, ambassadeur pour les droits de l'homme, nommé en 2008 et confirmé par Laurent Fabius.  Ce vrai spécialiste du sujet [François Zimeray] a été actif sur de nombreux terrains depuis 1980 et paraissait posséder le profil requis. Il bénéficiait, en outre, du soutien officieux de divers Etats membres ainsi que de celui d'une série de personnalités, dont l'écrivain américain Elie Wiesel, l'ex-président portugais Mario Soares et l'ex-ministre espagnole des affaires étrangères Ana Palacio.  Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, Bureau européen)
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Pour rappel: François Zimeray dénonçait obstinément la corruption d'Arafat et de ses proches 

(Guysen, 2006) Il fut un temps, pas si lointain et pas totalement révolu, où la simple mention du nom de François Zimeray suscitait une gêne palpable dans les salles de rédaction. Sa dénonciation obstinée de la corruption des chefs de l’Autorité Palestinienne tombait, en effet, au plus mauvais moment. Alors que la seconde Intifada envahissait les écrans nationaux, François Zimeray agitait sous le nez des députés européens les preuves des détournements de fonds massifs dont se rendaient coupables Yasser Arafat et ses proches. On ne pouvait nier l’authenticité de ces preuves mais les bonnes manières diplomatiques allongées d’une bonne dose d’hypocrisie exigeaient de les considérer comme une obscénité.

On en a beaucoup voulu à François Zimeray de son entêtement à vouloir ouvrir, chaque fois que l’occasion s’en présentait, un dossier d’où s’échappaient de bien désagréables effluves. Les députés européens, le personnel politique français, tous gens pétris d’idéal démocratique et de vertu républicaine, supportaient mal qu’on leur serine que les fonds dont ils votaient généreusement l’octroi à l’Autorité Palestinienne servaient pour une large part à payer les salaires de terroristes ou les émoluments des prêcheurs de haine. Le reste disparaissant dans la poche de voleurs et de voleuses qui le transformaient en placements discrets ou en notes de palaces parisiens. Mais de tout cela il ne fallait pas parler.
Rappelons que Chris Patten, «patron» de l’Europe pendant la période de plus grande activité dénonciatrice de François Zimeray, déclarait alors qu’il avait besoin de ce genre d’histoire comme d’une balle dans la tête.
Zimeray a payé le prix de son obstination. Il était devenu l’homme à abattre. Il y a quatre ou cinq ans de cela, critiquer Arafat était une pure folie politique. L’homme de la Moukata – qui se comparait lui même volontiers à Mandela – ne devait être considéré que comme le chef vertueux et infaillible d’un peuple plus digne qu’aucun autre de la compassion universelle.
Quand François Zimeray a perdu son mandat européen, ses adversaires ont cru être débarrassés de cet
infatigable réveilleur de mauvaise conscience. Mais on ne renonce pas aussi facilement à vouloir soigner la
cécité politique quand on a cette vocation dans le sang. Zimeray a continué son combat.
Le jeu en valait-il la chandelle? La réponse nous a été donnée à l’occasion du récent voyage «pré-Présidentielles» de Laurent Fabius en Israël et dans les territoires palestiniens. Le soir même de son arrivée, après avoir déposé une gerbe sur les lieux de l’assassinat de Rabin, Fabius a fait un discours remarqué devant un large public rassemblé dans le cadre de la Sixième Conférence d’Herzlyia. Discours remarqué parce que pour la première fois - mais sans toutefois nommer les Palestiniens - un homme politique français de premier plan a dit que l’éducation dispensée aujourd’hui créait la violence que nous subirons demain au Proche-Orient.
L’allusion aux incitations à la haine raciale diffusées quotidiennement dans les territoires palestiniens était claire. Puis Laurent Fabius a parlé du manque de compassion dont l’Europe s’est rendue coupable à l’égard de la société israélienne torturée par les attentats suicide. L’ancien Premier Ministre de François Mitterrand, que l’on avait connu beaucoup plus réservé à l’égard d’Israël, a ensuite dénoncé le terrorisme qui est aussi un mur dressé entre les Palestiniens et les Israéliens. Enfin, on a entendu Fabius exiger un contrôle plus sévère de l’utilisation des fonds que l’Union Européenne verse aux Palestiniens et plaider pour une reconnaissance d’Israël par les pays arabes.
Pour les initiés, l’influence des idées de François Zimeray sur le discours de Laurent Fabius était évidente. On pouvait y retrouver presque mot pour mot des passages des plaidoyers que Zimeray a faits devant le Parlement Européen pour qu’Israël soit traité avec plus de justice et les Palestiniens avec moins d’aveuglement.

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