mardi 2 juillet 2013

Jeu de paume, jeu de vilain - où va la liberté d'expression?

Le seul martyr mort en opération est la liberté d’expression assassinée au nom d’une prétendue liberté d’expression.

Contexte: L'exposition qui glorifie les terroristes palestiniens au Jeu de Paume fait le tour de l'Europe

Où va la liberté d'expression par Richard Rossin @ Causeur

Il y a une aggravation des atteintes à la liberté d’expression. Un homme s’est élevé contre une exposition humainement controversée au musée du Jeu de Paume. Il y téléphone puis envoie un mail pour manifester sa désapprobation. Dès le lendemain, il est convoqué par la police criminelle, mis en garde à vue, son appartement est perquisitionné! La garde à vue, devant l’absence de dossier, est levée dans la journée.  Donc envoyer un mail de réprobation serait devenu un délit. Que le musée porte plainte lorsqu’il est menacé est normal mais qu’il alerte les forces de l’ordre pour délit d’opinion, cela s’appelait autrefois dénonciation calomnieuse. D’autant que le mail incriminé ne semble comporter aucune menace physique. Dès lors, comment la police fut-elle avertie? Il n’y a que deux solutions: soit les autorités françaises agissent comme l’administration américaine et pirate tout le monde, soit le musée fait de la délation. La garde à vue ayant été rapidement levée, j’ai la faiblesse de croire que la police a été instrumentalisée par l’apparence de sérieux d’un musée, et n’a pas analysé les pièces car elle n’a pas pu même imaginer cette dérive. Il reste à espérer qu’elle a porté l’affaire devant le parquet et que celui-ci ne la glissera pas sous ses plinthes…

Bien sûr, il y a la question controversée de la partie «death» de l’exposition présentant en résistants des membres d’organisations paramilitaires violentes  qui s’étaient fait exploser au milieu de passants anonymes dans des bus, des restaurants, des lieux publics. Qu’il y a-t-il de commun avec ces attitudes meurtrières et la guerre de Jean Moulin et les résistants qui, eux, n’avaient pour objectifs que les objectifs militaires d’un ordre assassin prédateur de la liberté d’expression? Et voilà qu’une philosophe de l’art veut à tout prix cautionner cette assimilation et, ignorant le sort les victimes, couvre le terrorisme à défaut d’en faire l’apologie. Pas d’interrogation pour les foyers des victimes.

Finalement, il se trouve que la liberté d’expression n’est pas ici, mais vient de là où ces photos ont été faites, là où les visiteurs de l’exposition savent qui sont les sinistres personnages vedettes de cette artiste arabe israélienne [Ahlam Shibli]Une consigne ministérielle enjoignant à apporter l’information manquante n’a pas été respectée. Jeu de paume, jeu de vilain: tout juste y trouve-t-on une note précisant que les légendes sont de l’artiste… une belle façon de se dégager de toute responsabilité.

À Paris, on n’inquiète pas les néo-apologistes irrespectueux des circulaires étatiques, on met en garde à vue les indignés… pardon, ceux qui manifestent leur désapprobation. Le seul martyr mort en opération est la liberté d’expression assassinée au nom d’une prétendue liberté d’expression. Les oignons pleurent-ils aussi quand on les coupe? Ceci intervient dans un climat pour le moins curieux autour de la liberté d’expression et de la défense des valeurs de la démocratie. Et le phénomène n’est pas nouveau. En matière de valeurs abandonnées: les Darfouris laissés aux fureurs d’un président poursuivi par la Cour Pénale Internationale, les Tibétains oubliés, les Syriens progressivement englués dans une situation de peste ou de choléra par les tergiversations occidentales, les Touaregs démocrates du MNLA sacrifiés au dogme de l’intangibilité des frontières héritées du colonialisme, colonialisme qu’au demeurant nous haïssons, etc…  Lire l'article complet ICI.

Richard Rossin est écrivain, ancien Secrétaire Général de MSF, cofondateur de Médecins du Monde.

2 commentaires :

Anne juliette a dit…

Seuls les antisionistes sont libres de s'exprimer en France même de façon violente.
La France représentée par Hollande et Ayrault est forte avec les faibles et faible avec les forts : la majorité des pro-palestiniens musulmans ou non-musulmans ont les coudées larges pour dire et faire ce qu'ils veulent pendant que les sionistes doivent se taire.
Par exemple, Montebould qui n'arrête pas de dire et faire n'importe quoi au gouvernement reste à cause de son antisionisme et de ses racines arabo-musulmanes. Et Batho qui est discrète est virée au premier pas de travers.
Mais elle a beaucoup plus dans le bas-ventre que Montebould : elle, elle a vraiment démissionné.

Philo a dit…

Anne Juliette,

L'exposition fait le tour de l'Europe. Mais c'est évidemment en France qu'elle a tous les honneurs!

Cette exposition est le fruit d'une collaboration multinationale, surtout espagnole et portugaise. Les commissaires de l'exposition sont Espagnols (Marta Gili et Carles Guerra) et Portugais (João Fernandes et Isabel Braga).

Un itinéraire très européen:

Italie, Modène
Fondazione Fotografia et Fondazione Cassa di Risparmio di Modena
20 avril - 23 juin 2013
Commissaire: Filippo Maggia

Espagne, Barcelone
Musée d'Art Contemporain de Barcelone (MACBA)
25 janvier - 29 avril 2013

France - Paris
Musée du Jeu de Paume
27 mai - 1er septembre 2013

Portugal - Porto
Fundação Serralves
15 novembre 2013 - 9 février 2014.

Le Musée d'Art Contemporain de Barcelone (MACBA), le Musée du Jeu de Paume (dont la directrice est l'Espagnole Marta Gili) et le Musée d'Art Contemporain de Porto (Fundação Serralves) ont organisé et coproduit l'exposition. Le catalogue bilingue français-anglais a été coédité par les trois musées et la maison d'édition allemande Hatje Cantz Verlag. L'eurodéputé polonais Michal Kaminski n'apprécie pas que l'argent du contribuable serve à financer ce genre d'activités pseudo-artistiques, mais en fait hautement politiques, de glorification des terroristes... Or le Portugal et l'Espagne sont économiquement au bord du précipice et les populations confrontées à la paupérisation, au chômage, à la perte de leurs logements, à l'immigration - mais comme par enchantement leurs élites artistiques trouvent de l'argent pour financer ce genre d'expositions.

http://philosemitismeblog.blogspot.be/2013/06/lexposition-qui-glorifie-les.html